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RANDOS PATRIMOINE

LE PLA DE LA VALL D'EN SO

 

Pas de difficultés particulières, mais itinéraire sans ombrages sur sa majeure partie

Emporter de l'eau (pas de source en chemin) et un pique-nique

Une boussole peut être utile.

 

Durée : 5 h 30.

Parking des voitures : en bordure de la D14, dans la traversée de Molitg les Bains

Présentation

 

Le Pla de la Vall d'En So est une large croupe essentiellement schisteuse entre les vallées presque parallèles du Callau (ou Catllan) à l'ouest et de la Castellane à l'est. Il descend en pente douce du pic del Torn (1632 m) pour venir mourir entre Ria et Catllar, derrière le lycée et l'hôpital de Prades. Ce relief n'est guère envahi de garrigue que sur ses deux côtés, plus abrités, ombragés et humides. La partie centrale est pour l'essentiel une lande, de tous temps et jusqu'à une époque relativement récente, terrain d'itinérance de troupeaux d'ovins. Aux principales exceptions des minuscules hameaux disparus d’Eroles, de Nabilles et Fornols, et de celui, abandonné puis réoccupé depuis quelque décennies de Llugols, il n'y a jamais eu d'agglomération, si petite fut-elle, sur ce plateau, les modestes villages occupant les fonds de vallées, Conat à l'ouest, Molitg et Campôme à l'est.

 

Pendant des millénaires d'une activité pastorale n'ayant semble-t-il que peu évolué, les seuls occupants du plateau ont été des bergers, veillant sur leurs troupeaux. Cette solitude à, ici comme en d'autres lieux et notamment en Provence (Vallée des Merveilles), entrainé l'émergence d'une culture originale dont nous ne connaissons à peu près rien, parce que ne pratiquant pas l'écriture, et pour laquelle Jean Abelanet a inventé l’élégante formule de « signes sans paroles ». Les origines de l’occupation du plateau paraissent remonter à la fin de la glaciation de Würm, à cette époque de révolution économique, sociétale et culturelle qu’a été le mésolithique (à noter que les célèbres gravures du Mont Bego sont datées, elles, de l’âge de bronze). Le principal témoignage qui nous en reste est donc, à côté de vestiges d'inhumations, d'innombrables signes gravés sur des dalles de pierre (et qui peuvent dater d’époques séparées par des millénaires jusqu’à la fin du néolithique), et tout particulièrement des croix. Celles ci, datant de la préhistoire, n'ont aucune signification religieuse chrétienne. Leur nombre laisse supposer qu'elles en avaient probablement une autre, dont nous ignorons tout.

 

Ce territoire n'a pas échappé au remarquable essor économique et religieux qu'a connu le Conflent à partir de la fin du Xème siècle, quand il s'est agi de rebâtir une nouvelle société dans un pays dépeuplé et dévasté par les invasions musulmanes. Ici aussi, de petites unités villageoises ont vu le jour, près d'une source, à côté des pâturages et de quelques boqueteaux fournissant le bois d'oeuvre et de chauffage. Des maîtres maçons lombards, ou plus probablement des compagnons formés par ceux-ci, ont reçu pour mission de structurer ces petites communautés autour d'une église romane, au plan simple et standard, mais fonctionnel et psychologiquement adapté à une époque encore inquiète. C'est ainsi que Sainte Marguerite de Nabilles, Saint Sernin d’Eroles, Saint Christophe de Llugols et Saint Christophe de Fornols ont vu le jour à peu près en même temps. Pourquoi cette dévotion particulière à Saint Christophe, le protecteur des voyageurs ? Faut-il y voir une référence à la transhumance et à ses périls, ou le souvenir d'un très ancien passage transpyrénéen à une époque où les vallées étaient peu praticables ? Une conjugaison des deux peut aussi être envisagée. Quelques ornières parallèles dans le schiste font parfois penser à l’usure de roues de charrettes. Mais ce charroi n’était peut être autre que l’évacuation du talc de Cobazet vers l’usine pradéenne de Chefdebien, à la fin du XIXème siècle. En tous cas, sans villages ni route d'accès, le Pla de la Vall d'En So, resté à l'écart de la fréquentation et de la modernité, est peu à peu sorti des mémoires (cet isolement lui ayant valu de recevoir des parachutages alliés pendant la seconde guerre mondiale)..

 

Le nom de l'endroit pose lui aussi problème : s'il a été estropié par des contractions  en "Vallenso", voire des équivalences phonétiques comme  "Balençou", il fait référence à "la vallée de M. So". De qui ? On ne prête qu’aux riches, et le rapprochement a tout naturellement été fait, bien que sans certitudes, avec la puissante famille de So, dont le berceau (l'actuel Husson) se trouve dans l'Ariège, et qui posséda, avant même le royaume de Majorque, de nombreux fiefs en Catalogne Nord (où elle fut redoutée pour ses brigandages en Haut Conflent) et tout particulièrement à Evol, Nyer et la Bastide. Celle-ci aurait reçu l’église de Molitg et probablement des terres aux alentours en fief direct du Comte de Cerdagne Guifred, fils d’Oliba « Cabreta ». Mais dans ses dispositions testamentaires datant de 1036, avant de se retirer à St Martin du Canigou, ledit Comte Guifred répartissait ses propriétés de Molitg et Campôme entre ses propres enfants. La famille de So n’occupa donc les lieux que peu de temps, et à titre très précaire. Cela fut-il suffisant pour qu’elle légua son nom au plateau ? Ce mystère, et il y en a bien d'autres, contribue au charme romantique de cette lande déserte, où l'on ne s'étonnerait pas de croiser, entre deux écharpes de brume, les sorcières de Macbeth. Mais le magnifique panorama qui s'ouvre sur le riant bassin de Prades et, en face, sur la majesté du Canigou, nous rassure : nous sommes bien en Conflent.

Description

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Départ de l’itinéraire à l’entrée de Conat. Monter jusqu’à l’église et s'arrêter devant la porte. Eux qui voudront découvrir le village, son château et sa chapelle romane Ste Madeleine consulteront notre fiche rando-patrimoine « Ste Marguerite de Nabilles, sa solitude, son serpent et le roc de les Creus ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mentionné pour la première fois en 977, le nom de Conat viendrait d'un mot celtique signifiant confluent (et qui aurait donné de nombreux Condate ou Condé, dont l'appellation initiale de Rennes). Si cette étymologie est contestée, elle convient néanmoins parfaitement à cette rencontre entre les vallées de Nohèdes et d'Urbanya, qui en fit un emplacement stratégique dès le Moyen Age et jusqu'au Traité des Pyrénées.

 

L'église romane Saint Jean-Baptiste est manifestement du XIIème siècle, mais elle semble bâtie d'hier, tant son magnifique appareillage de marbre rose, ses arcatures lombardes et ses dents d'engrenage sont intactes. Son abside, d'une pureté géométrique, est une des plus belles du Conflent. Le nom du maître d'oeuvre nous est peut être livré par une inscription sibylline gravée sur le linteau de la porte d'entrée (Hanc, Petrus a petra dictus, que scandit ad etra, Aulam fundavit; illum Deus unde beavit : celle-ci qui s'élance vers le ciel, Pierre que

Redescendre jusqu'à la départementale en empruntant l'escalier. Prendre, en face de la rue du Moulin, qui s'infléchit sur la droite. Quelques pas plus loin, un panneau de bois indique la direction de Llugols, sur la gauche.

 

Le chemin rejoint rapidement la rivière, qu'il longe vers l'aval avant de la franchir sur un pont récent. Sur la rive gauche, on distingue les vestiges d'un canal d'irrigation, dispositif fréquent en de tels lieux. Observer dans le lit de la rivière, immédiatement en aval du pont, un gros bloc de granit que quelqu'un s'est vainement acharné à débiter en y perçant un alignement de trous au ciseau, sans parvenir à créer la fracture, faute d'avoir trouvé le fil de la pierre.

Le sentier, soigneusement empierré, attaque gaillardement la pente au coeur d’une garrigue de cistes. Son étroitesse indique qu'il n'a jamais pu accueillir de véhicules, mais seulement des convois muletiers. Il bute sur un mur perpendiculaire, où il se divise en deux. Prendre la branche de gauche. Un peu plus loin, en franchissant un premier éperon de schiste, un rapide regard en arrière permet de revoir le château avec sa chapelle au premier plan, au pied de la pyramide régulière qui marque la rencontre des vallées. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A gauche de celle-ci, dans le lointain, une aiguille rocheuse émerge du flanc sud/ouest de la vallée. Il s’agit de l’énigmatique roche de Sahiman (la roche de Salomon) qui a fait beaucoup fantasmer les historiens, l’interprétation de certains textes médiévaux impliquant la présence d’un château, dont ne subsiste aucune trace, au sommet de ce nid d’aigle aujourd’hui presque inaccessible. Le rapprochement a été fait avec le Comte Salomon, noble franc chargé par Charles le Chauve d’administrer cette contrée vers la fin du IXème siècle, dans l’espoir chimérique de reconstituer l’ancienne marche d’Espagne carolingienne. Mais Salomon se heurta à l’aristocratie wisigothe solidement implantée en ces lieux, laquelle lui manifesta une hostilité déterminée jusqu’à son assassinat, que la Geste des Comtes de Barcelone déclare de la main même de Guifred le Velu, fondateur de la Catalogne.

 

En aval, le Callau sinue entre plusieurs arêtes rocheuses. Au dessus, des roches ferrugineuses portent la trace de grattages destinés à en extraire quelque minerai. Le sentier continue en traversée, et on lui a parfois frayé au pic un passage dans des escarpements schisteux. On distingue sur le versant opposé la trace d'un chemin aménagé sur une pente abrupte et conduisant probablement à quelque champ en bordure de rivière. Les difficultés d'accès de l'endroit ont inspiré diverses légendes sur des repaires de brigands, dont un certain Salevert, réfugiés près du Callau, entre Conat et Ria. Un peu plus loin, le col de Ste Croix se découpe devant le Canigou. Il fut pendant longtemps l'itinéraire principal d'accès à Conat et au delà, le fond de la vallée étant peu praticable et, dit-on, mal fréquenté. Il prenait naissance au pont d'En Gorner, probablement d'origine romaine, entre Ria et Villefranche. Le percement de la D 26 a entrainé l'abandon total de cet itinéraire. Il faut croire que la montée était assez rude pour que l'on construise, à l'époque romane, la chapelle Ste Croix à l'emplacement même du col. Les voyageurs pouvaient y faire leurs dévotions pour remercier d'avoir surmonté l'épreuve, et le desservant des lieux administrer les derniers sacrements à ceux qui n'avaient pas supporté l'effort. Un dispositif comparable, complété pendant un temps par un hospice, se rencontre au col St Vincent, près du col Rigat, en Cerdagne. Ici, seule subsiste l'arase de la chapelle Ste Croix.

On commence à apercevoir, un peu plus loin, St Christophe de Llugols, entouré de ses chênes verts. Une indication à la peinture verte propose de prendre à gauche la direction de Ste Marguerite. Ne pas y donner suite (voir la rando-patrimoine « Ste Marguerite de Nabilles, sa solitude et son serpent »).

Du carrefour, le sentier se poursuit tranquillement. Il traverse le lit d'un petit torrent. Quelques marques de peinture invitent à prendre à gauche, mais on peut s'autoriser un détour de quelques mètre. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans la Haute-Ariège (principalement Vicdessos, Couserans, vallées d'Orgeix et d'Orlu) et les Pyrénées-Orientales (principalement en Conflent), le terme d'orri désignait initialement un enclos pastoral englobant tout un ensemble de constructions (cabane du berger, bergerie, poulailler, locaux  pour préparer et affiner le fromage,

la droite, sur l'autre berge. On découvre rapidement, un peu au dessus, un bel orri semi cylindrique, et au ras du sol, une petite source captée, la gestion de l’eau ayant toujours été cruciale en ces lieux arides.

Reprendre l'itinéraire à l'endroit balisé, remonter le lit du torrent et le traverser rapidement. Bientôt, le toit plat d'un bel orri cylindrique apparaît à droite du sentier.  Encore quelques décamètres, et un panneau bariolé indique sur la gauche la direction de Ste Marguerite. Là encore, ne pas y donner suite, et se contenter d’admirer de loin Ste Marguerite.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Communément aujourd'hui deux constructions, distinctes, de cet ensemble: la cabane de berger (ailleurs appelée "baraque", ou "capitelle"), et la bergerie (ou "jasse").  Nous emploierons donc ce terme, même chargé de confusion, pour désigner indifféremment ces deux structures.

L'une et l'autre sont construites en pierres sèches, récupérées sur place ou, tout au plus, extraites à la barre à mine. Il existe, bien entendu, diverses formes de chacune, en fonction de la pierre (calcaire, schisteuse, granitique) et des possibilités qu'offre le relief d'appuyer l'orri à un rocher. Pour simplifier, nous dirons que l'orri (version capitelle) est plus souvent cylindrique, avec une unique porte étroite. Le berger s'y réfugiait en cas d'intempéries, et y déposait ses victuailles et quelques affaires. Il n'y avait aucun mobilier, et aucune cheminée, ces équipements n'étant occupés qu'à la saison d'estive, à l'image des chalets d'alpage dans les Alpes..

L'orri version bergerie se présente sous la forme d'un édifice trapu et allongé, aux murs inclinés, recouvert d'une couche d'humus et de gazon destinée à assurer son étanchéité. Le toit était réalisé par des dalles plates en encorbellement, dispositif rudimentaire qui ne tenait que par l'épaisseur considérable des parois. Une porte d'entrée plus large permettait l'accès et la sortie du troupeau et, juste en face, une étroite fenêtre axiale une ventilation suffisante pour éviter l'asphyxie des bêtes. Là encore, pas de cheminée, d'autant que l'épaisseur des murs et l'étroitesse des ouvertures permettaient de conserver la chaleur animale dégagée par le troupeau. Certains orris de ce type sont de véritables chefs d'œuvres, avec une succession de pilastres s'évasant de la base vers le haut et se rejoignant en formant des arcs raidisseurs (celui d'En Bulla, au dessus de Villefranche, en est un des exemples les plus remarquables). Une telle maîtrise technique n'était à l'évidence pas à la portée de tout le


 

L’itinéraire se poursuit jusqu’à une piste en terre, que l'on emprunte sur la gauche pour accéder à St Christophe. Au pied d’une falaise rocheuse, un panneau (ne pas suivre la flèche qui indique ver le haut) indique l'église des Monges (des religieuses). Continuer entre la gauche et l’horizontale, plein est. Passer devant un abreuvoir à sec. Le sentier se met à grimper, serpente dans la garrigue et, 400 m après le panneau, débouche sur la ruine romane de St Sernin (ou Saturnin) d’Eroles (les petits champs), village qui semble n’avoir connu qu’une existence éphémère, et dont il ne reste rien.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il trahit sans doute l'intervention d'un "spécialiste", ou d'un atelier itinérant. Car en dépit d'une légende tenace qui les fit remonter à la préhistoire, les orris sont du XIXème siècle, époque de grand essor démographique et de surpâturage des hauteurs du Conflent.

St Sernin a été bâtie à l’extrémité d’un escarpement rocheux, manifestement pour être en vue directe de Ste Marguerite de Nabilles (voir la fiche rando-patrimoine « Ste Marguerite de Nabilles et son serpent »). C’est un petit édifice (susceptible d’accueillir une vingtaine de fidèles) réalisé en moellon de schiste, à nef unique (effondrée pour l’essentiel), et dont l’abside est toujours debout (mais pour combien de temps encore ?). Cette abside est, de manière classique pour les édifices de cette génération (que leur petit appareil de pierres équarries, et quelques fois taillée pour encadrer les ouvertures, désigne à coup sûr comme du XIème siècle), en cul de four. En revanche, ce qui reste de la voûte de l’abside révèle un arc brisé assez approximative. Celui-ci n’ rien de gothique, encore qu’il annonce le fait que, au cœur même de l’art roman catalan, certains maîtres d’œuvre avaient découvert, à l’expérience, que les résistantes des fonds d’une voûte encore brisé étant plus verticales que celles d’un arc en plein cintre, elles auraient une meilleure stabilité et surtout se contenteraient de coffrages plus légers et plus économiques pour leur construction. 

On distingue encore nettement, au sommet des murs latéraux et au départ de la voûte, les étroites « banquettes » sur lesquelles reposaient ces coffrages.

On s’interroge sur les raisons qui ont conduit à construire deux villages, avec chacun son église paroissiale, à si faible distance (il y a 500 m entre St Sernin d’Erole et St Christophe de Llugols). Enfin, aucun couvent n’a jamais existé en cet endroit. La référence aux religieuses (les Monges), si elle n’est pas totalement légendaire, ne peut renvoyer qu’à l’occupation par des femmes d’un ermitage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Reprendre la piste, et la suivre jusqu’à un petit pont de traverses en bois. Une nouvelle piste, qui est l’actuelle voie d’accès à Llugols, effectue une large boucle. L'emprunter sur la gauche, et passer presque immédiatement devant un nouvel orri à gauche. L'itinéraire surplombe, sur sa droite, les maisons éparpillées du hameau de Llugols. Continuer tout droit. 300 m. après un passage canadien, prendre à gauche un raccourci qui grimpe dans la garrigue. Il rejoint une autre piste, au pied de la butte aride qui mérite bien son nom de Montsec.

 

Aucun document connu n’en fait état.

Le toponyme de Llugols, qui désigne un bosquet (ici de chênes verts) apparaît dès 977 dans un acte de donation à l'abbaye de St Michel de Cuxa. Déserté après la terrible épidémie de peste de 1348, Llugols fut modestement réoccupé par la suite, avant de redisparaître des textes. En 1677, la paroisse de Ria rachète l’église pour y installer un ermitage, soigne de ‘l’abandon du village, jusqu’à la réinstallation d’un berger en 1930, puis de nouveaux arrivants dans les années 1980. Le petit appareil de moellons de l'église St Christophe la date du XIème siècle. C'est un petit édifice tout simple, d'un plan classique pour l'époque, avec nef unique voûtée en berceau et chichement éclairée, terminée par une abside semi-cylindrique. Installée sur une petite éminence, elle domine les maisons du village. St Christophe possède encore un intéressant retable daté de 1729. D'autres pièces de mobilier sont aujourd'hui visibles dans l'église de Ria.

 

La piste se divise ensuite en un lacis de tracés. Serrer sur la droite, en suivant la clôture. Si la barrière métallique est ouverte (sinon s'abstenir, pour ne pas déranger les troupeaux), s'avancer vers un bel, vaste et original orri à deux niveaux. Continuer tout droit, plein nord, sur 100 m., et observer un tumulus de pierres, partiellement démonté, qui laisse apparaître une chambre funéraire de belles dimensions. 50 m. à l'est, découvrir un grand ensemble de dalles schisteuses où les cupules pullulent (allitération !). La vue est magnifique. La tombe (probable vestige d’un dolmen dont la dalle a été détruite) et les cupules relèvent manifestement l’une et les autres de la période mégalithique, qui s’étend largement de 6 000 à 2 000 avant J.C.

Revenir au portail et reprendre la piste, qui traverse une nouvelle porte, sans fermeture. Continuer jusqu'au moment où s'ouvre perpendiculairement, sur la droite, la piste DFCI CO 15, qui file plein nord, en direction du cortal Freixe que l'on aperçoit déjà au loin.

Peu avant d'arriver à celui-ci, en lisière d'un bois de jeunes conifères, la piste DFCI OP 15 bis s'ouvre sur la gauche. La remonter sur 10 m. Encore 10 m. à gauche se dresse un autre superbe orri cylindrique, au toit presque plat. A proximité, des alignements de blocs plantés de champs, et de nombreux morceaux de schiste (brisés lors de la construction de l’orri) présentant des gravures rectilignes ou griffures, Atteste de la présence d’un site détruit dont nous ignorons tout, mais que certains spécialistes attribuent à la fin du paléolithique supérieur et au mésolithique (entre 12 000 et 1 000 avant J.C.), soit bien antérieur aux mégalithes. Reprendre la piste, qui dépasse le cortal Freixe (daté de 1926). Penser à refermer la clôture qui barre la piste et empêche la divagation du bétail. Aussitôt après, la piste s'oriente nord-est, et commence à descendre vers St Christophe de Fornols que l'on distingue déjà en contrebas. A un carrefour en T, prendre à gauche et continuer en traversée, en pente douce.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un peu plus loin, l'itinéraire passe devant les ruines d'une longue bergerie, laquelle a conservé les bases des piliers qui supportaient son toit à un pan.

L'inscription dans le schiste rouillé des chiffres 18 gravés par percussion peut être interprétée comme le début d'une datation inachevée, à moins que ce ne soit beaucoup plus récent. On signale, en contrebas, la roche gravée de Fornols. La vue sur le Canigou, le bas Conflent et la basse vallée de la Têt est magnifique. La piste oblique plein est à un carrefour et s'avance,  sous le nom de DFCI CO 9 bis, jusqu'à l'extrémité d'un promontoire presque plat, planté de chênes verts, où, après avoir traversé un enclos pastoral avec ses mangeoires, on découvre l'église romane (XIème siècle) du village disparu de Fornols.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La voûte de St. Christophe de Fornols s'est effondrée, et le peu que l'on distingue encore de l'abside laisse supposer que celle-ci, en demi-cercle, a été greffée postérieurement sur une nef préromane. Cette impression se confirme quand on constate que ce qui subsiste des murs de la nef semble avoir été doublé pour supporter le poids d'une voûte en berceau se substituant à une charpente du Xème siècle. Il ne reste guère qu'un piédroit de la porte d'entrée. Le mur "campaner", qui a conservé l'arcade de son clocher, a été percé d'une ouverture, murée depuis, pour communiquer avec un autre bâtiment adossé à la façade, probablement le presbytère. Nous ignorons la date de disparition de Fornols, mai elle doit être ancienne, car les villageois de Molitg et Campôme se rendaient en procession à l'ermitage de St. Christophe" (signe qu'il n'y avait plus de village) au XVIIIème siècle. Le mobilier de St Christophe a été recueilli dans l'église de Campôme.

 

Rebrousser chemin jusqu'au carrefour de la DFCI CO9 bis, et reprendre la piste qui file désormais ouest/nord/ouest en traversée et en pente douce au dessus de la vallée de la Castellane. 100 m. après un relai hertzien, prendre à droite le sentier indiqué "Paracols" qui descend plus franchement, et aboutit à un petit col dominé par les ruines du château de Paracolls.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Celui-ci occupe  un éperon granitique qui domine en à pic les thermes de Molitg. Ce nid d'aigle est prédisposé pour la défense (l'oeil exercé d'Any de Pous y a repéré plusieurs cupules, qui indiqueraient une occupation préhistorique du site), le col précité, trop large pour être de la main de l'homme (mais il a pu être sur creusé),  l'isolant du rebord du plateau qui le domine. Mais il a aussi fourni un emplacement privilégié pour un relai du premier réseau de signaux optiques, dit comtal, entre les châteaux de Mosset et Molitg, et le château comtal de St Estève de Pomers, de l'autre côté de la vallée de la vallée de la Têt, au dessus de Clara, au pied du Canigou. Paracolls présente les vestiges de plusieurs enceintes successives, la plus extérieure permettant de délimiter un espace amplement suffisant pour abriter en cas de danger les gens de la seigneurie et leurs troupeaux. Le réduit central, très ruiné, occupe en revanche une superficie beaucoup plus limitée, et est confronté à un relief rocheux  très tourmenté et en forte déclivité. Le chemin le plus confortable (ce qui est tout relatif!) pour l'aborder passe par la droite, et aboutit à une large porte donnant sur une salle voûtée sur laquelle ouvre, à gauche, une poterne plus étroite. A proximité immédiate, une profonde citerne se reconnaît à son enduit rose de brique pilée. Continuer à grimper et accéder à la base du donjon, qui domine une double enceinte arrondie pour épouser le relief. Certaines archères ont été retravaillées pour s'adapter au tir d'arquebuses, ce qui indique que le château était encore militairement occupé au début du XVIème siècle.

Au bord du chemin, l'ensemble monobloc d'une colonne et d'un chapiteau très rustique est bizarrement planté. Continuer sur la droite et déboucher, un peu en contrebas, sur une petite plateforme terminée par la chapelle  castrale St. Pierre, laquelle domine le précipice. Les joints tracés au fer, caractéristiques du XIème siècle, permettent de dater l'édifice. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Continuer le tour de l'ensemble en contournant par la droite (et avec précaution) la base du bloc granitique qui supporte le donjon,  et redescendre au col. Reprendre l'itinéraire qui continue à descendre, traverse en balcon creusé dans le roc une falaise granitique, au dessus des eaux bouillonnantes de la Castellane et des vestiges d'un moulin. Il finit par aboutir au bord du lac, dans un cadre idyllique, en contre bas des thermes de Molitg. Passé le pont métallique en dos d'âne, on est tout étonné, après des heures de marche, de redécouvrir le confort d'un ascenseur pour accéder au niveau supérieur.


Ils intègrent au moins trois remplois, deux blocs de marbre rose, un plat et l'autre mouluré, tous deux de belle facture, et un chapiteau ressemblant à celui observé un peu plus haut. La jolie abside et sa fenêtre axiale sont à peu près bien conservées, mais le mur pignon a disparu dans le vide et, d'une manière générale, l'édifice est en grand péril. Jusqu’au milieu au moins du XIème siècle, il n’est fait aucune mention d’une quelconque fortification dans la vallée de la Castellane, appellation nécessairement postérieure. Le château de Paracolls (celui qui contrôle le col) n’est cité qu’à partir de 1095. C’est peu après qu’apparait la famille éponyme, qui tient ce château en fief pour le compte de la maison de Cerdagne. Le premier représentant en est Ramon Berenger de Paracolls, cité en 1102 dans le testament du Comte Guillem-Jorda de Cerdagne, en partance pour la Terre Sainte. Mais, si ses origines sont obscures, la famille de Paracolls connait une rapide prospérité, en se spécialisant dans l’acquisition de pâturages de montagne aux cols de la perche et du Puymaurens, et en louant les droits de pâture aux troupes en estive. Mais, faute d’héritier mâle, elle s’éteint vers 1250, la dernière descendante, dame Sibilia de Paracolls, épousant le fameux Xatbert de Barbaira, ultime défenseur des derniers cathares réfugiés au château de Queribus.

mentions legales
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