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RANDOS PATRIMOINE

AU PIED DU CANIGOU

 

DE FILLOLS A TAURINYA PAR LA CHAPELLE SAINT PIERRE, LE COL DE MILLERES, L’ORRI DE LA VALL PANERA ET LES FOURS DE GRILLAGE DU SALVER

 

Un itinéraire globalement facile et généralement ombragé.

Durée totale : 2 h 15

Parking des voitures en face de la Mairie de Taurinya

Tarifs (bus compris) : 42 €/participant de 5 à 10 participants, 30 €/participant de 11 à 20

Présentation

 

Le filon de minerai de fer du versant nord du Canigou (et qui a son symétrique au sud, en Vallespir), que l'on retrouve vers l'est à Baillestavy et au delà, et qui se prolonge vers l'est jusqu'à Fillols, Vernet, Sahorre et Escaro, a été exploité dès l'antiquité, les fouilles archéologiques ayant révélé de nombreux vestiges des mines et forges romaines. Comme l’a expliqué Robert Lapassat, le principe en était simple : « un fourneau creusé à flanc de falaise, recouvert, à l’intérieur, de terre réfractaire pour accumuler la chaleur et limiter les pertes de ventilation. Le minerai était concassé et déposé par plans horizontaux alternant avec des couches de charbon de bois et avec un fondant, du marbre de Villefranche très certainement. A la base du fourneau était creusée une ouverture qui permettait d’abord d’assurer la ventilation (une autre étant terminée par une tuyère). C’est par ce même trou qu’on retirait, après fusion, la « loupe » de fer brut. Il restait à l’affiner par martelage répétés ». Une vaisselle sigillée de qualité accompagne généralement les champs de scories, prouve qu’une bourgeoisie romaine a prospéré pendant quelque temps sur cette ressource, laquelle a connu par la suite une alternance de périodes d'activité et d'abandon. Les Archives des P.O. signalent l’existence de forges à Py en 1127, à Valmanya en 1420, à Baillestavy en 1430, à Vernet en 1504, au Llech en 1513, à Ria en 1671. Dans tous les cas, il s’agit de sites bénéficiant de cours d’eau au débit conséquent, probablement pour permettre, par décantation, un premier enrichissement du minerai concassé (tout en actionnant les moulins pour ce concassage, et les martinets pour le cinglage des loupes, sans oublier la ventilation grâce au procédé dit de la trompe des Pyrénées). Au XIXème siècle, la révolution industrielle lui a donné un nouveau regain d'activité, encore qu'intermittente, pour près d'un siècle.

 

Mais, pendant cette période, toute la chaîne sidérurgique a fonctionné en Conflent, de l’extraction minière au transport, dans des conditions rendues difficiles par le relief, du minerai par les traginers (muletiers) aux forges à la Catalane d’abord, aux hauts-fourneaux de Ria ou aux gares de chemin de fer de Joncet, Serdinya, Ria et Prades, ensuite, désormais par des plans inclinés, des chemin de fer Decauville, ou des convoyeurs aériens. Cette activité a été marquée par de nombreux conflits sociaux (grèves), la création de quelques dispositifs d’assistance (« casernes ouvrières », dispensaires), et surtout un désastre écologique avec la déforestation pour la production du charbon de bois, et la pollution occasionnée par les fumées des fours de grillage. Elle a, en revanche, assuré le gagne-pain de générations de mineurs, lesquels, en raison des fréquentes séquences d’interruption de l’extraction, pratiquaient souvent la pluriactivité avec l’élevage et surtout l’arboriculture.

Description

 

Le départ à lieu à côté du cimetière, à l’entrée de Taurinya.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rejoindre la D 47 en amont du cimetière et la suivre jusqu'aux ruines de Saint Pierre de Fillols, que l'on voit un peu plus haut.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En face de la chapelle, dans l'intérieur du virage, prendre le sentier qui monte en sous-bois et suit le cours d'une rigole d'irrigation. Au premier carrefour, puis au second quelques mètres plus haut, prendre toujours à gauche le sentier balisé en jaune et rouge, lequel conduit au camping des Sauterelles, et immédiatement à côté au col de Millères (lequel doit son nom à d'anciennes cultures de millet).

 

La large piste en terre conduisant au refuge de Balatg, puis au chalet des Cortalets et in fine au sommet du Canigou passe derrière le camping. Exactement au col, une patte d’oie de 3 chemins se dessine sur la gauche. Prendre celui le plus à droite, qui s’avance presque à l’horizontale, jusqu’aux ruines d’une construction (marquée de peinture verte) où on le quitte pour emprunter sur la gauche un sentier qui plonge et conduit rapidement au bel orri (bergerie, ou cave à fromages), de la Vall Panera. 

 

Revenir par le même chemin jusqu’à la patte d’oie, et prendre cette fois le sentier du milieu, indiqué sans issue, et qui plonge dans les taillis. Il descend agréablement, à un bon rythme, en sous-bois. Près de 20 mn plus loin, une croix peinte sur un arbre à droite dissuade de poursuivre. Prendre à gauche le sentier balisé en rouge et jaune qui grimpe allègrement dans la forêt. Bientôt, le paysage semble avoir été bouleversé par un bombardement.

 

Le sentier redescend et on découvre, sur la droite, une trémie bétonnée dans laquelle est resté un wagonnet métallique, dont on observera le dispositif de basculement. Très bientôt, on débouche sur une large terrasse artificielle, plantée des vestiges, récemment consolidés, de plusieurs petits bâtiments à usage technique (dont certains servaient à la fabrication et à l'entretien de wagonnets de tous modèles).

 

Côté sud-est de la terrasse, descendre jusqu'à un autre four de grillage, plus petit, mais qui semble avoir eu une activité plus longue que le précédent, ce dernier plus récent. Continuer à gauche du four par le plan incliné, sur lequel circulait jadis une noria de wagonnets. La pente est assez abrupte, mais sans danger. Il est néanmoins conseillé d'avoir de bonnes chaussures

 

La descente est brève, et l'on arrive rapidement sur une très large piste plate que l'on emprunte sur la droite, jusqu'à une entrée de galerie, aujourd’hui condamnée par une robuste grille. Juste derrière une petite locomotive attend patiemment. Continuer sur la piste, où l'on découvre par endroits les vestiges des traverses métalliques de ce qui fut une voie ferrée pour wagonnets de type Decauville. A l'extrémité, franchir une barrière métallique qui interdit l'accès aux véhicules, et prendre sur la gauche la large piste qui plonge au fond

du vallon, passe devant une grande trémie bétonnée surmontée de son plan incliné, franchit une nouvelle barrière métallique, devient goudronnée, et conduit tranquillement jusqu'à Taurinya.

 

Une épicerie bar et deux restaurants permettent de reprendre des forces. Et il est possible d'enchaîner sur l'itinéraire conduisant à Saint Michel de Cuxa. 

Patrimoine et histoire

 

L'origine du nom de Fillols se réfère à un lieu "feuillu", c'est à dire envahi par une végétation abondante. L'itinéraire commence devant l'église Saint Félix, romane du XIIème siècle (bel appareillage de granit, mais décoration très sobre se limitant aux dents d'engrenage soulignant la corniche). Le clocher a manifestement été construit en trois séquences : la base au XIème siècle (blocage de moellons), la partie médiane au XIIème (pierre de taille), alors que la partie haute est une surélévation plus tardive et de technique plus médiocre.

 

On s'explique mal la construction de cette charmante chapelle romane, dépendant de Saint Michel de Cuxa, à la même époque que l'église paroissiale précitée, et si près de cette dernière. Longtemps utilisée comme bergerie, elle a vu sa voûte s'effondrer en 1956.

 

Observer la belle pièce d'artillerie de marine, réinstallée ici. Il s'agit d'un canon Krupp de 1899, d'une portée de 12 kms, affecté par la Wehrmacht à la défense de Port Vendres pendant la Seconde Guerre Mondiale. Un peu plus haut, deux anciens wagonnets de mine, en bois et fer, ont été reconvertis en conteneurs pour le tri sélectif.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Celui-ci est du même type que ceux d’en Bullas, ou de Sansa, voire de Llaserres, et date probablement comme eux de la seconde moitié du XIXème siècle. Vu les grandes similitudes entre ces bâtiments, et originalité de leur construction, on est tenté de les attribuer à la même école, si ce n’est à la même main. Il s’agit en effet de constructions soigneusement appareillées en pierre sèche, selon le principe du tas de charge : le mur est vertical à l’extérieur, mais s’élargit de bas en haut vers l’intérieur, la partie en encorbellement étant toujours compensée par une masse équivalente dans l’épaisseur des murs. De chaque côté, des pilastres symétriques, qui se développent son seulement en avant, mais sur leur deux côtés, viennent raidir l’ensemble. La couverture est assurée par de grandes dalles plates, qui forment comme le pontage d’un bateau. En l’absence de toit, l’étanchéité est assurée par une épaisse couche d’humus, plantée d’herbe. A noter que cet orri, qui de l’extérieur à la forme d’un gros coffre végétalisé, est de dimensions particulièrement imposantes.


Nous sommes aux anciennes mines du Salver, et les creux ne sont que les vestiges d'entrées effondrées de galeries ou de fouilles à ciel ouvert, et les bosses des amoncellements de stériles. Partout, les arbres ont repoussé, la nature a repris ses droits, et en ces lieux jadis bourdonnant d'une activité industrielle, le calme de la forêt est revenu.

Au milieu trône un majestueux four de grillage, magnifique témoignage d'une activité minière qui fut naguère particulièrement importante, jusqu'à ce que, au début des années 1960, la concurrence des minerais mauritaniens ne s'avère insurmontable pour ces exploitations produisant du fer de grande qualité, souvent associé à du manganèse, mais d'accès trop difficile pour demeurer rentables.

 

Les fours de grillage, permettaient une épuration du minerai de fer, en éliminant des composants indésirables (le soufre et l'eau en particulier) qui lui étaient associés. Le  minerai était chargé par le haut du four (les passerelles ont disparu, mais on en voit les départs) en couches alternées avec du charbon de bois, et le minerai "grillé" était récupéré au dessous, et descendait par une série de plans inclinés jusqu'aux hauts fourneaux de Ria ou aux trémies des gares ferroviaires de cette commune et de Prades.

 

Au village, on jettera un œil curieux sur l'église Saint Fructueux, d'origine romane, mais à laquelle chaque siècle a apporté sa contribution particulière. On s'attardera notamment sur l'original clocher roman, en bel appareil de granit sur une partie de sa hauteur, et qui est beaucoup plus élancé que ne le sont d'ordinaire ses semblables du Conflent. Le chapiteau de l'une des fenêtres géminées porte une tête de taureau sculptée, emblématique du village dont le nom viendrait d'un lointain Taurinius, patronyme  dérivé de taureau, rapprochement à coup sûr valorisant pour son bénéficiaire.

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